Au musée Dapper, Paris, 16e

Conformément à son objectif -promouvoir les cultures de l’Afrique, des Caraïbes et de leurs diasporas -, la fondation Dapper s’est impliquée dès la première édition du 10 mai avec une programmation riche et variée, autour du thème de la « mémoire partagée », en partenariat avec RFI, qui a remporté un vif succès. La manifestation a duré presque tout le mois de mai, du 2 au 20 :

- une rencontre avec Gisèle Pineau, le 2 mai : l’écrivaine évoqua les femmes qui l’ont profondément marquée. Des extraits de son dernier livre Mes quatre femmes furent lus par la comédienne d’origine guadeloupéenne Marie-Noëlle Eusèbe. Osange Silou-Kieffer, journaliste, joua le rôle de médiatrice ;

- une table ronde, « quel est notre besoin de mémoire ? », le 3 mai. Le trafic et l’esclavage ont mis en place des processus d’aliénation dont les séquelles subsistent, aujourd’hui encore, chez des hommes et des femmes de la Caraïbe. « Comment vivre, pour certains, avec ce sentiment de honte, voire d’infériorité ? ». Question taboue pour les uns, mais sûrement pas pour d’autres, écrivains, philosophes, penseurs, ethnopsychiatres, de plus en plus nombreux à se pencher sur ce problème. Il est temps, en effet, de reprendre confiance, d’aller voir, de plus près et au plus profond de soi, ce qu’il en est. « Comment s’approprier cette histoire douloureuse ? ». « Quelle mémoire partager et avec qui ? ». Autour de la médiatrice, Osange Silou-Kieffer, participaient notamment au débat Anne Lescot, membre du CPME, Ali Moussa Iye, chef de la section Histoire et Culture à l’UNESCO, responsable de la « Route de l’esclavage et des abolitions de l’esclavage » et Philippe Pichot, coordinateur des « Routes des abolitions » ;

- le concert du groupe Bwakoré, le 12 mai : jazz band martiniquais, venu pour l’occasion de son île, Bwakoré a proposé des compositions originales ancrées dans le patrimoine musical caribéen – biguine, bèlè – associées à la mazurka. Il revisite les standards d’Eugène Mona ou de Pierre Louiss, en associant aux musiques traditionnelles des univers sonores contemporains. Il s’est également produit à Sarcelles le 16 mai, opération montée avec le soutien de cette ville et de l’association des femmes du quartier Watteau ;

- le festival Regards sur l’esclavage, du 9 au 13 mai : alors qu’était célébré le 200e anniversaire de l’abolition de la traite par les Britanniques et que la journée du 10 mai se trouvait plus fortement encore inscrite sur le plan national, la deuxième édition du festival de cinéma « Regards sur l’esclavage » s’est consacrée à l’émergence des sociétés issues de la traite négrière, dans le Nouveau Monde, ainsi qu’aux conditions de vie et aux révoltes des esclaves. Des thèmes et des regards croisés comme autant de témoignages, autant de pièces pour reconstituer le puzzle d’une mémoire encore fragmentaire.

Sous la direction artistique de Catherine Ruelle (RFI), qui animait aussi les débats, ont eu lieu :

- un « focus » sur trois cinéastes originaires des diasporas. Charles Burnett, africain-américain, dont le travail venait récemment d’être mis en lumière par Tony Morrisson au musée du Louvre, et dont le musée Dapper fut le premier à diffuser les films en 1980. Il a présenté Niightjohn (1996) et Nat Turner (2003). Sergio Giral, cubain auteur d’une trilogie consacrée à l’esclavage et à la construction de la société cubaine, avec El Otro Francisco (1974) et Maluala (1979). John Akomfrah, britannique d’origine ghanéenne, réalisateur de Testament (sélectionné à la Semaine de la Critique - festival de Cannes, 1988) ;

- un « focus » sur les Antilles : Jean-Claude Flamand Barny, guadeloupéen, dont la série en six épisodes Tropique amers, passée sur France 3 à partir du 10 mai 2007 a rencontré un large public ;

- « les mots pour le dire », le 20 mai : attentif aux rapports que les jeunes entretiennent avec leur culture, le musée Dapper s’implique régulièrement en milieu scolaire et associatif. À son initiative, différents ateliers ont été créés. Depuis septembre 2006, les élèves de première du lycée Jean Lurçat (Paris 13e) ont mené, avec leur professeur Laurence Gadeau, une réflexion sur la maîtrise de l’expression écrite et orale à travers le conte. En novembre 2006, Jean-Claude Duverger, venu de Martinique, évoqua dans leur établissement les contes antillais et les techniques de l’oralité. Dans le cadre de la seconde édition de Mémoire partagée, les artistes SheinB, auteure, interprète, slameuse, et le comédien américain Thomas M. Pollard ont animé un atelier d’écriture avec ces mêmes élèves, les initiant à la « nouvelle poésie des maux » qu’est le slam, autour des thèmes de la colonisation, de l’esclavage et de l’histoire. Le dimanche 20 mai, le spectacle monté par ces jeunes a investi le musée pour une émouvante représentation.

Affiches et visuel du groupe Bwakoré © Musée Dapper.

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