21 juillet 2004. Discours du Président du Sénat à Houilles pour le bicentenaire de la naissance de Schoelcher

BICENTENAIRE DE LA NAISSANCE DE VICTOR SCHOELCHER INAUGURATION DE LA SALLE DU CONSEIL MUNICIPAL le 21 juillet 2004, à Houilles (Yvelines) _______________

Discours de Monsieur Christian Poncelet, président du Sénat

Monsieur le maire, cher Alexandre JOLY, Messieurs les sénateurs, chers Nicolas ABOUT et Alain SCHMITZ, Monsieur le Préfet, cher Bernard NIQUET, Mesdames et messieurs les élus locaux, Chers amis,

Permettez-moi de vous dire combien je suis heureux de vous retrouver aujourd’hui, à Houilles, à l’occasion de l’inauguration de la salle du conseil municipal " Victor Schoelcher ".

Je tiens à remercier très chaleureusement M. Alexandre JOLY de la qualité de son accueil et à le féliciter pour cette heureuse initiative. Je vais vous faire une confidence. Lorsque mon ami le sénateur Alain GOURNAC m’a transmis l’invitation d’Alexandre JOLY à participer à cette célébration, je n’ai pas hésité longtemps. En effet, comment ne pas s’associer à cet hommage rendu à l’un des sénateurs les plus illustres, l’un de ces grands hommes auxquels la patrie a témoigné sa reconnaissance en l’accueillant au Panthéon ?

Victor Schoelcher est à lui seul la République.

Tout d’abord, la République unie dans la diversité de ses territoires, diversité que le Sénat a toujours considérée comme une chance, comme une richesse, comme un gage de créativité et d’imagination.

Trois parts au moins de la France, fort diverses, sont ici rassemblées :

- l’Alsace, terre natale de Victor Schoelcher, province éprouvée dans sa chair pour sa volonté de rester française ;
- la région Ile-de-France et cette belle ville de Houilles qui nous accueille aujourd’hui, où il a vécu ses quinze dernières années ;
- la Guadeloupe, reconnaissante de l’œuvre qui l’a fait pour toujours entrer dans l’histoire, l’abolition de l’esclavage.

Ensuite, la République conquérante, fière d’elle, fière de ses Lumières, patriote, expansionniste même. Au moment où des esprits chagrins nous rebattent les oreilles du thème du déclin, ou stigmatisent, de manière frileuse, les dangers de la mondialisation, souvenons-nous que, selon le mot du Général de Gaulle, " la France n’est jamais aussi grande que quand elle parle au monde. " La France n’est jamais aussi grande que lorsqu’elle tutoie l’universel.

Il fut un temps, et Victor Schoelcher nous le rappelle, où, malgré la difficulté des communications, des Français allaient découvrir le monde, explorer, même évangéliser ou coloniser. Victor Schoelcher ira donc, dès 1828, au Mexique, à Cuba, pour exporter les porcelaines de la fabrique familiale. Sachons ne jamais perdre ce goût du large qui n’est pas l’apanage exclusif de nos amis britanniques, même si la France a toujours manifesté une " préférence pour la terre. "

Sachons veiller à ce que l’extraordinaire aventure européenne, l’euphorie des retrouvailles avec cette Europe dont nous avons été séparés pendant 40 ans, ne nous fasse pas oublier la nécessité d’être présents sur les marchés les plus lointains et dans les pays les plus reculés. L’Europe est un " sas " qui permet aux acteurs économiques de passer de l’hexagone à l’Europe, puis au monde entier.

En outre, la République des droits de l’Homme, terme générique qui embrasse la Femme, et des Libertés. Celle-ci n’est pas sans taches. Clemenceau a certes dit que la Révolution était un bloc. Et, dans le bloc, il y a aussi le maintien de l’esclavage et le choix de faire prévaloir les intérêts économiques sur les libertés.

Cette faute, cette tâche, cette souillure, c’est Victor Schoelcher qui permettra à la République de la laver. Victor Schoelcher, grand républicain, fut aussi l’homme de tous les combats républicains : le suffrage universel, la laïcité, les droits des femmes et des enfants, l’abolition de la peine de mort, la lutte contre le pouvoir personnel de Napoléon III.

Enfin, la République des savants, qui n’est pas la moindre. La République, ce sont les hussards noirs de la République, l’Ecole normale, l’Ecole Normale Supérieure, Polytechnique, l’université, le Collège de France. La République du savoir, c’est la République des professeurs, celle qui comprend qu’il y a un pacte entre les libertés et l’intelligence, celle où la politique est à l’écoute de la Recherche, de la pensée, du mouvement des idées.

Musicologue averti, spécialiste de Haendel, bibliophile passionné, grand collectionneur, Victor Schoelcher illustre cette tradition républicaine qui fait se rencontrer la chose publique et l’Université. Votre ville, Monsieur le maire, a donc bien de la chance de pouvoir célébrer un personnage si illustre, sénateur inamovible à partir de 1875.

Votre ville, cher Alexandre JOLY, a bien de la chance d’avoir un maire qui a pris l’initiative d’organiser autour du bicentenaire de la naissance de Victor Schoelcher un programme de manifestations aussi profond, aussi complet, aussi dense.

Une exposition du meilleur niveau scientifique, riche de nombreuses pièces inédites et qui a mobilisé de nombreux musées nationaux sous la direction d’une équipe passionnée, des concerts aussi, feront de cette célébration non pas seulement un moment officiel de recueillement mais pour tous les citoyens de votre ville, du département, de la région, un moment de ressourcement républicain.

Vous l’avez bien compris, la République laïque, la République qui réaffirme l’égalité sans distinction de races ou de religion de tous ses enfants, la République de l’éducation et des savoirs, la République conquérante. Cette République reste notre idéal.

Je suis sûr que dans votre salle des délibérations rénovée et baptisée Victor Schoelcher, cet esprit des pères fondateurs, ce feu républicain, cette quête de l’humanisme inspireront vos travaux.

Alors, avant de lever nos verres au grand homme, je tiens, en tant que Président du Sénat - assemblée parlementaire à part entière, mais aussi, - c’est un plus -, représentant constitutionnel des collectivités locales - à saluer ceux qui, dans les pas de Schoelcher, font battre le coeur de la démocratie de proximité. En ce sens, je veux témoigner à tous les élus locaux -ces véritables Hussards du troisième millénaire- toute ma reconnaissance et ma gratitude pour leur action inlassable au service du développement de votre beau département des Yvelines.

Car, sans leur abnégation, sans leur courage, sans leur passion et sans leur cœur, rien ne serait possible ou si peu ! A vous tous, je souhaite " tirer mon chapeau " et vous dire combien je suis fier de me retrouver parmi vous, les nouveaux " fantassins " d’une République des territoires pour laquelle je milite depuis mon accession à la Présidence du Sénat. Vous trouverez toujours au Sénat, maison des collectivités locales, veilleur vigilant de la décentralisation et avocat des élus locaux, l’écoute attentive que nous vous devons.

Nous devons, ensemble, gagner le pari du local et démontrer, à ceux qui en douteraient encore, toute l’efficience de la gestion de proximité comme catalyseur d’une France décentralisée, d’une France moderne, d’une France humaine, d’une France solidaire.

Vive Schoelcher ! Vive Houilles ! Vive les Yvelines ! Vive la France ! Vive l’Europe !


 

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