La Réunion

Cérémonie d’hommage pour une mémoire partagée

La Région Réunion, la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise et la Chaire UNESCO ont organisé une cérémonie le matin du 10 mai 2007 au conservatoire national de Région (Saint-Denis), en souvenir de toutes celles et ceux qui, partout dans le monde, furent victimes de l’esclavage colonial et luttèrent contre cette forme de servitude dans toutes les colonies, ainsi qu’à leurs alliés en Europe et en Afrique.

L’Académie et la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise (MCUR) ont invité des élèves des écoles primaires et secondaires à dire les noms d’une centaine de figures de résistants à l’esclavage, sorte de choeur de la mémoire. Ils ont ainsi inscrit dans nos mémoires, en les sausant résonner dans un espace public, ces combattants de la liberté.

Chaque 20 décembre, l’île célèbre la « Fèt Kaf », symbole de liberté des esclaves réunionnais, date qui rappelle que cette terre a connu l’esclavage pendant plus de deux siècles. Mais bien qu’unique et particulière, l’histoire de la Réunion ne peut être isolée. En s’associant au 10 mai, l’objectif était de construire une mémoire partagée, de faire prendre conscience, en Métropole, que cet événement concerne toute la nation ; ce n’est pas seulement l’histoire de l’Outre-mer, c’est celle de la France toute entière, et de l’humanité.

Manifestations à Sainte-Suzanne

La commune de Sainte-Suzanne a tenu à célébrer le 10 mai en partenariat avec la maison des associations, l’OMCTL et d’autres services municipaux comme celui de l’animation, « pour permettre à la jeunesse de s’approprier son histoire et son identité, et ainsi mieux se projeter dans l’avenir », a souligné l’adjointe au maire chargée de la culture, Angélina Imira.

Concours de dessin au niveau des écoles et des Cases, exposition à la bibliothèque et dans la cour de l’école Antoine-Bertin, projection de diapositives, et surtout une conférence-débat animée par l’historien de l’association Rasine Kaf, Philippe Bessière, ont eu lieu.

Invocation aux ancêtres à l’Entre-Deux

Environ 200 à 250 personnes ont répondu à l’invitation de l’association “Capitaine Dimitile”, pour une journée de commémoration, d’invocation des ancêtres et de célébration festive, au bout du chemin Bœuf, à l’Entre-Deux.

Un moment intense de recueillement sur le passé pour y puiser les forces de construire, aujourd’hui et demain. L’association travaille à restaurer un site mémorable par la présence de nombreux marrons (esclaves fugitifs), dont le célèbre “capitaine Dimitile”.

La manifestation s’est ouverte par une marche de deux heures environ à travers un sentier botanique menant du lieu-dit le Portail à la planèze du Dimitile. Le long du parcours, des stèles en mémoire aux esclaves marrons tels que Dimitile ou Laverdure. Le reportage photographique était assuré par RunWeb, qui a mis les clichés et le récit en ligne ( www.runweb.com).

L’invocation aux ancêtres a été lue en trois langues, malgache, créole, français par Vololona Hajaso Picard, enseignante à l’Université. Lui succéda un moment de partage avec les chants a capella des Chœurs du Botswana, la guitare de Thierry Gauliris, le roulèr de Davy Sicard, Christine Salem et les Vwa Dheva. Chants et danses du maloya se sont poursuivis tout l’après-midi.

Appel aux ancêtres

Traduction française du texte de l’invocation

Nous voici, Ancêtres vénérés, pour vous demander de nous permettre d’accomplir ici les rites et la fête que nous avons préparée. Nous nous tenons tous ensemble ici debout, venus de toutes parts, de La Réunion, de Madagascar, d’Afrique, d’Europe et de nombreux autres pays que nous ne saurions tous énumérer ici. Nous venons pour vous demander votre protection, votre bénédiction, et par-dessus nous venons célébrer la commémoration nationale de l’abolition de l’esclavage. Nous la célébrons ici Aujourd’hui, car c’est jour de fête et nombreux sont les gens qui ont tenu à venir ici au Dimitile pour ce grand jour. Oui c’est un jour de fête, et c’est aussi un jour de recueillement car nous pensons à ces hommes et femmes innombrables qui sont morts, que l’on a tués, qui se sont révoltés dans l’esclavage comme dans leur recherche infatigable de la liberté. C’est pourquoi notre père et mère (= Ancien investi d’une autorité spirituelle) Monsieur Miko vous présente, en notre nom à tous ces offrandes, en gage de respect, et d’hommage. L’inauguration du lycée Saint-Paul IV, lycée du 10 mai

Le 10 mai 2006, devant les représentants de l’État, du conseil général, devant la députée et le maire, Paul Vergès, président du conseil régional, avait posé la première pierre du 43e lycée de l’Île, à Saint-Paul, en lui donnant le nom de la journée des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions. L’inauguration est intervenue le 27 août 2007, mais fut l’occasion pour le président de la région, dans un nouveau discours devant les élus mais aussi le sous-préfet, le recteur, le proviseur, de revenir sur la signification de ce nom. « Nous avons derrière nous quelques siècles d’histoire, dont la moitié relève de l’esclavage. C’est pour la population réunionnaise, un grand problème politique, économique et psychologique. On ne subit pas la moitié de son histoire innocemment. Nous avons cet héritage, même s’il y a eu des efforts pour étouffer cette histoire. Ce n’est que ces dernières décennies que nous avons tenté de nous réapproprier notre histoire et notre culture, d’où l’importance de signaler la dénomination proposée pour cet établissement, qui est celle du « lycée du 10 mai ». Après avoir souligné que ce sont les habitants des colonies françaises qui ont tenté de faire vivre les dates de l’esclavage, parfois dans la honte, parce que rejetées par le monde politique de l’époque, il a déclaré que « le fait que cette mémoire ressurgisse aujourd’hui est un événement considérable. Le parlement français a décidé que le 10 mai, c’est le peuple de France qui célèbre la lutte pour l’abolition de l’esclavage, que ce même peuple est appelé à réfléchir sur la condition de l’esclavage et de son abolition. C’est donc une reconnaissance historique ».

© Runweb. www.runweb.com. Deux photographies, l’appel aux ancêtres, et la vue sur les remparts du plateau du Dimitile.

- Témoignages. samedi 5 mai 2007 (page 3). "10 mai : L’esclavage aboli est commémoré par la République. Les “Voix au Dimitile” commémorent la résistance du “Guetteur” Extrait : "Le 10 mai est, officiellement depuis janvier 2006, la date de la “Journée des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions”. Ce jour n’étant pas férié, plusieurs manifestations s’y rapportant auront lieu le 8 mai : Ainsi, le rendez-vous est donné par l’association “Capitaine Dimitile” à l’Entre-Deux, mardi prochain.

lire la suite : http://www.temoignages.re/article.php3 ?id_article=21988

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