Pourquoi le Parlement a-t’il décidé d’instaurer un « comité de personnalités qualifiées » autour de la question de la mémoire de l’esclavage ?

L’institution d’un comité composé de personnalités qualifiées s’est imposée au législateur en réponse à l’indispensable « travail de mémoire » autour de la question de la traite et de l’esclavage dont la nécessité a été perçue au moment du 150ième anniversaire de l’abolition de 1848.

En 1998 la France célèbre en effet le cent-cinquantième anniversaire de la deuxième abolition de l’esclavage dans les colonies françaises par le gouvernement provisoire de la République, abolition définitive après celle du 4 février 1794, partiellement appliquée et suspendue du fait du rétablissement de l’esclavage en 1802 (décret du 20 florial An X, 10 mai 1802).

Or, à l’occasion de cet anniversaire, des voix s’élevèrent pour déplorer les effets de l’oubli de la traite et de la période esclavagiste, sciemment prôné dès l’abolition de 1848, ainsi que la méconnaissance de la période qui suivit avec les contrats d’engagement, dont les départements français d’Amérique et les territoires français de l’Océan Indien ne sortirent officiellement qu’avec la loi n°88-550 du 30 juin 1983 relative à la commémoration de l’abolition de l’esclavage, reconnaissant pour chacun d’entre eux la possibilité de commémorer le passé et les luttes qui ont abouti à la fin de l’esclavagisme. Cent cinquante ans après 1848, le voile du silence et d’ignorance sur le temps de la traite et de l’esclavage, entretenu dans la longue tradition de commémoration du seul décret de la seconde abolition et de la personnalité de Victor Schoelcher, dominait en France métropolitaine, occultant non seulement un pan de l’histoire collective mais également les origines et l’héritage d’une partie des Français.

Pour répondre à l’exigence d’un devoir de mémoire et à la demande de connaissance qui ont émané de différentes strates de la société civile, en particulier dans le contexte des événements qui marquèrent les célébrations du 150ième anniversaire de l’abolition de 1848, plusieurs initiatives parlementaires ont débouché sur l’adoption de la loi du 21 mai 2001 qui, par son article 4, affirme la nécessité de fixer « en France métropolitaine une date de commémoration annuelle de l’abolition de l’esclavage après la consultation la plus large » (article 4).

C’est ainsi qu’en janvier 2004, au terme d’une nécessaire gestation administrative, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin institua par décret le Comité pour la mémoire de l’esclavage (CPME), composé de douze personnalités qualifiés, lui fixant comme mission d’organiser et de faire aboutir la consultation visant à arrêter la date et à définir le cadre et le contenu de la commémoration de l’abolition de l’esclavage dans l’hexagone ainsi que de faire des propositions afin d’assurer la pérennité de la mémoire de la traite et de l’esclavage par l’identification de lieux de mémoire sur l’ensemble du territoire, en proposant des actions de sensibilisation du public ainsi que des programmes de recherches ou des actions éducatives (décret n°2004-11 du 5 janvier 2004).

Le 30 janvier 2006, Jacques Chirac, président de la République, recevant l’ensemble du CPME, déclarait : « au-delà de l’abolition, c’est aujourd’hui l’ensemble de la mémoire de l’esclavage, longtemps refoulée, qui doit entrer dans notre histoire : une mémoire qui doit être véritablement partagée ». Le rôle de l’actuel Comité est de conseiller le gouvernement pour parvenir à cette exigence d’une mémoire partagée et d’une communauté de destin dans les idéaux républicains.

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