Les artistes

Le thème de la traite de l’esclavage négrier a inspiré de très nombreux artistes d’horizons divers depuis quatre siècles, et en inspire encore, sous la double égide de la mémoire et de la création, souvent d’ailleurs mêlées. Cette mémoire est très présente dans les arts plastiques, la musique, la danse, le théâtre contemporains. Elle mériterait d’être réunie et mise en valeur sous forme multimédia dans un centre national de ressources sur la traite, l’esclavage et leurs abolitions.

Il faut valoriser les apports à l’humanité de ces populations dans les domaines culturels, les arts et techniques, les savoirs et et la pensée.

Déportées en masse d’un continent à l’autre, privées de leur nom, de leur famille, exilées de leur langue et de leurs traditions, elles ont cependant donné naissance à des sociétés originales, faites d’influences et d’interactions religieuses, culturelles et artistiques multiples, auxquelles se sont ajoutées, après 1848, les apports de l’engagisme indien ou chinois, sans oublier les migrants musulmans et l’apport européen. Ce n’est pas par hasard que l’une des pensées les plus fécondes de notre temps est dans le concept de "créolisation" proposé par Édouard Glissant pour en finir avec « la pensée continentale », et qui sera au fondement de la maison des civilisations et de l’unité réunionnaise : La Réunion, cette île exemplaire, encore déserte hier, riche maintenant de près d’un million d’habitants, tous venus d’ailleurs. La créolisation questionne une pensée qui ramène la profusion du réel à de l’unique, à des « identités-racines » qui s’agrippent à un seul territoire, et remontent à une origine qui serait unique et seule légitime, induisant la méfiance envers l’autre. La créolisation, au contraire, suscite des créations imprévisibles et inédites, en encourageant l’échange et la rencontre. Les artistes contemporains, musicaux, d’art plastique en particulier sont sensibles à cette approche et souvent à la pointe de cette recherche.

L’inventaire muséographique mis en ligne par le CPME le 10 mai 2006 en concertation avec la direction des musées de France reproduit certaines des oeuvres anciennes, témoignages de voyageurs, armes visuelles de la lutte pour l’abolition, ainsi qu’un article sur "comment représenter la traite et l’esclavage"...

Le site internet "L’histoire par l’image" du ministère de la culture et de la communication offre depuis 2006 des études sur des archives et tableaux, croisés, et commentés par les conservateurs.

La rubrique "galerie des expositions" du CPME sur le présent site évoque celles intervenues depuis 1983. Des oeuvres plus contemporaines font l’objet d’expositions et de manifestations. L’UNESCO est particulièrement attentive à cette "mémoire vivante", dans le cadre de son projet "La route de l’esclave" lancé en 1994. L’une des toutes premières voire la première par sa durée et son ampleur fut dans ce cadre « La Route de l’art sur la Route de l’esclave », exposition itinérante d’art contemporain de 1994 à 1999 (voir article ci-joint). Ils s’en déroule régulièrement d’autres depuis, en Europe, en Afrique, aux Amériques. En France, il s’en organise notamment lors du 10 mai, comme en Champagne-Ardennes, en 2006, une installation vidéo de Jean-François Boclé, en conjonction avec des oeuvres de Robin Rhodes et David Zinnia, au FRAC. L’année 2007, quant à elle, fut marquée par une grande exposition à Londres au Victoria et Albert, "Uncomfortable Truths : The Shadow of Slave Trading on Art and Design", avec des oeuvres de onze artistes internationaux, mises en regard avec des objets et illustrations sur les produits de la traite, les serviteurs noirs dans les foyers britanniques, la Grande-Bretagne et les Indes de l’Ouest, les représentations de l’esclavage et de l’abolitionnisme, l’or et les esclaves. En France, ce fut au second semestre 2007 l’exposition, au musée d’art moderne de Paris, de Kara Walker.

Il en est de même pour la littérature et le cinéma, le conte et la musique, les arts dits vivants, qui font l’objet de très nombreuses manifestations, concerts, projections, salons le 10 mai (avec la programmation devenue annuelle du musée Dapper à Paris, "Mémoire partagée par exemple, les concerts "Africaphonie" d’Origi’n), mais aussi tout au long de l’année, en France et ailleurs, consacrés à l’héritage artistique et culturel des captifs africains déportés et aux créations qu’ils inspirent.

L’héritage oral et musical tant de la Caraïbe, des Amériques, de l’océan Indien est très important : contes, proverbes, chansons, instruments et styles de musique, danses, et cette veine créatrice perdure, se renouvelle constamment. Des oeuvres, de nouvelles approches musicales ou des expressions artistiques qui auraient pu rester confinées à des zones géographiques restreintes se sont exportée, bientôt adoptées par un large public, mais aussi reprises par d’autres artistes français ou étrangers. Pour s’en tenir à la France, Zouk, gwoka, maloya, bélé par exemple pour la musique. En sens inverse des formes d’expressions culturelles nées en métropole, en Europe ou ailleurs ont pu « s’exporter » outre-mer et trouver de nouveaux langages (et de nouvelles langues) dans lesquels s’exprimer et évoluer. Ainsi les interactions, surtout depuis quelques décennies avec les possibilités ouvertes par le transport aérien, et désormais internet, se multiplient et se complexifient.

De grandes manifestations nationales dans tous les domaines artistiques et notamment dans les arts de la scène font une part de plus en plus importante aux expressions culturelles ultramarines : Festival de théâtre d’Avignon, festival de danse dont celui de hip hop de Montpellier, francophonies en Limousin, salon du livre de Paris, où mémoire et création s’entrelacent.

De grandes manifestations internationales aussi. A titre d’exemple, à Gorée, le 10 mai 2007, s’est tenu le premier festival international du conte et de la parole, sur le thème de "Esclavages et traite négrière", avec vingt conteurs professionnels venus de trois continents, des universitaires, auteurs, griots, musiciens, danseurs et danseuses, une chorale, une fanfare.

Pour en savoir plus et suivre l’actualité :
- site de l’association gens de la Caraïbe (cliquer à droite des pages du présent site) et les autres sites d’information culturelle africaine ou ultramarine, qui recensent et présentent les manifestations à venir, en cours et passées ;
- la rubrique du présent site "manifestations du 10 mai" où l’on trouve, par région, des exemples d’expositions et spectacles.
- la rubrique "galerie des affiches", la rubrique "galerie des expositions" (article sur "La route de l’esclave" dans la rubrique consacrée à l’année 1998...


 

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